Lorsqu’une personne se suicide ou tente de se suicider, elle laisse son entourage en état de choc. Les proches peuvent alors développer des symptômes en lien avec le traumatisme, comme la dépression, des troubles anxieux, ou encore des idées suicidaires. Comment soutenir les proches face à la souffrance psychique qu’ils et elles ressentent souvent après cette confrontation avec la mort ou la menace de mort ?
En Suisse, deux à trois personnes meurent chaque jour du suicide, selon une étude de l’Observatoire suisse de la santé. Si les chiffres des tentatives de suicide ne sont pas recensés, il est estimé à 20 tentatives pour chaque adulte décédé par suicide.
A chaque fois, il s’agit d’une véritable tragédie pour les proches, qui peuvent développer un syndrome de stress post-traumatique, une dépression, de l’anxiété, et sont plus susceptibles de ressentir des idées suicidaires.
Après le drame, l’entourage est confronté à des émotions comme la culpabilité, la honte, la colère et le sentiment d’abandon, le rejet et dégoût, l’incompréhension du geste, la peur, la tristesse, ou encore le soulagement.
Un suicide impacte en moyenne 10 à 20 personnes proches
Le Dr Stéphane Saillant, médecin chef au CNP, précise : « environ 20% des endeuillés suite à un suicide présentent une souffrance psychique significative, souvent associée à une stigmatisation importante comparativement à d’autres causes de décès. »
On estime que, lorsqu’une personne se suicide, entre 10 et 20 proches sont directement touchés. « Il existe non seulement un impact sur les individus, mais également sur le milieu qui les entoure. Le risque de contagion est réel, même s’il dépend de nombreux facteurs, notamment l’âge et de la popularité du ou de la défunt·e. »
Offrir un accompagnement après le choc d’un suicide ou d’une tentative est donc essentiel, un suivi appelé la « postvention« .
La postvention dans le suicide
Mais en quoi consiste exactement la postvention ? Le Dr Stéphane Saillant détaille : « il s’agit d’une forme de prévention sélective pour les proches concernés, ainsi que le milieu entourant les proches. La postvention vise à offrir un soutien aux personnes endeuillées par un suicide sous la forme d’entretien individuel ou éventuellement d’une séance de groupe. »
Il peut donc s’agir de membres de la famille, de l’entourage amical de la personne décédée, de ses collègues de travail ou de formation, ou encore des soignantes et soignants impliqués dans son suivi.
Le traumatisme est aussi important lorsqu’une personne est confrontée à la tentative de suicide d’un membre de son entourage. « Des études montrent que la majorité des personnes exposées à la tentative de suicide d’un ou d’une proche relate des sentiments de tristesse, d’inquiétude, d’anxiété, de colère, de culpabilité, de honte, de trahison et de déception. Elles présentent aussi un risque accru de suicide dans certaines circonstances. La postvention est donc également importante pour effectuer un repérage précoce des individus potentiellement plus impactés. »
Prendre le temps d'écouter et apporter des réponses face au suicide
Il est ainsi essentiel de pouvoir prendre le temps de discuter avec les proches qui en ressentent le besoin. « D’une part, il s’agit d’accueillir le ressenti émotionnel et, d’autre part, apporter des éléments de psycho-éducation importants sur le suicide, comme la présence d’une souffrance psychique intense passant parfois inaperçue auprès des proches, ou l’absence de choix d’une autre solution que la mort pour mettre un terme à la souffrance », détaille le Dr Stéphane Saillant.
Il s’agit aussi de trouver du sens dans les actions symboliques qui suivent un décès quel qu’il soit, mais encore davantage quand il s’agit d’un suicide. « Les rituels symboliques sont importants, tout comme le type de message véhiculé, en évitant par exemple toute culpabilisation de l’entourage, qui peut parfois devenir un sentiment très envahissant ».
Où trouver de l'aide ?
Face au suicide, que l’on soit directement concernée par des idées suicidaires ou un·e proche, de l’aide peut être trouvée en tout temps auprès des professionnel·les du champ de la santé mentale, comme auprès des spécialistes au CNP. Les urgences psychiatriques (CUP) peuvent par exemple être sollicitées à tout moment.
Des sites internet et des numéros de téléphone proposent également une écoute 24h sur 24, comme le 147 pour les jeunes et le 143 pour les adultes. Le site internet de l’association Stop suicide offre également de nombreuses ressources sur ce sujet.
Enfin, pour toutes les personnes qui travaillent dans le domaine de la relation d’aide, la formation « Faire face au risque suicidaire », coordonnée par le Groupement Romand Prévention Suicide (GRPS), permet d’acquérir les clés pour savoir comment réagir lorsque l’on est confronté à des problématiques en lien avec le suicide.