Tisser des liens entre générations, un enrichissement à tous les âges

Yoga du rire, cours de cuisine, spectacle de marionnettes ou encore après-midi jeux au festival Ludesco : les patientes et les patients de l’Hôpital de jour de l’âge avancé retrouvent régulièrement une classe d’élèves du Collège de l’Ouest pour partager des activités ensemble. Des moments d’échanges précieux, entre deux générations qui s’apportent énormément.

Jeudi après-midi 7 mars, une dizaine d’enfants sont réunis autour du piano de l’Hôpital de jour de l’âge avancé de la Chaux-de-Fonds. Derrière le clavier, un patient essaie de leur faire deviner des airs de musique, sans grand succès. Si leurs répertoires musicaux ne se rejoignent pas vraiment, les rires, eux, sont bien partagés entre les patient·e·s et les jeunes élèves, réunis dans la salle commune de l’unité.

Le tutoiement est de rigueur entre les enfants et les ainé·e·s. Il faut dire qu’ils se connaissent bien, cet après-midi d’activité n’est pas le premier qu’ils partagent. Depuis une année, les deux générations se rencontrent régulièrement dans le cadre des activités intergénérationnelles, mises en place par l’équipe soignante de l’Hôpital de jour de l’âge avancé du CNP.

Des réticences qui font rapidement place à l’enthousiasme

« Tout à commencer il y a deux ans, quand l’idée de créer des ponts entre les générations est évoquée pendant une réunion de notre groupe thérapeutique », explique Sara Amaro, infirmière-cheffe de l’unité. Elle prend alors contact avec le Collège de l’Ouest de La Chaux-de-Fonds. « Je craignais de rencontrer beaucoup de réticences, il y a encore beaucoup d’aprioris sur la psychiatrie. Au final, en présentant les bénéfices que pouvait amener ce projet, l’enthousiasme l’a clairement emporté. Les parents ont notamment tous accepté de signer les autorisations, sans exception. »

A la fin de l’année 2022, une classe de jeunes élèves entre quatre et cinq ans vient partager un après-midi et chanter des chants de Noël dans l’unité chaux-de-fonnière. Les bénéfices thérapeutiques se sont concrétisés très rapidement sous les yeux de l’équipe soignante: « Au contact des enfants, les patient·e·s retrouvent un sentiment d’appartenance avec la société, ils ont envie de transmettre leur savoir, de partager. Lorsqu’on en a reparlé avec eux, beaucoup ont mentionné la notion de sens qu’amenaient les enfants, ils incarnent la joie et la vie ! »

Renforcer les échanges sur la durée

Face à ces beaux retours, Sara Amaro et son équipe cherchent à aller encore plus loin dans l’échange entre générations. Au printemps 2023, c’est une classe d’élèves entre huit et neuf ans qui est invitée à participer à la première semaine intergénérationnelle. Cette fois, le programme s’étale sur cinq jours, pendant lesquels patient·e·s et élèves se retrouvent pour partager différentes activités sur une demi-journée. « En se retrouvant régulièrement, les liens sont approfondis, la gêne s’estompe rapidement et les discussions deviennent de plus en plus naturelles entre les deux générations. »

Pour les enfants, mais aussi pour leurs parents, les bénéfices de cette expérience sont aussi nombreux. Ce projet permet notamment de démystifier la psychiatrie auprès des enfants et de leur famille. « Certains enfants n’ont également pas l’habitude de se retrouver face à une personne âgée, l’enrichissement des échanges se fait vraiment sur une multitude de niveaux différents », ajoute Sara Amaro.

Un groupe de patient·e·s et d'élèves participent ensemble à un cours de gym en musique. Crédits : CNP communication

Une complicité qui s’installe sur la durée

Le succès de cette première semaine intergénérationnelle dépasse les attentes de l’équipe soignante. Patient·e·s et élèves gardent même le contact : lorsque la classe organise un concert de chant, elle invite l’unité de l’âge avancé à assister à la répétition générale.

Cette complicité qui se développe entre les deux groupes amène l’école et l’unité de soins à proposer à la même classe de participer à la semaine intergénérationnelle 2024, en mars dernier.

Et ce n’est pas fini, dès le mois de juin, les élèves sont invités à venir dans l’unité pour une journée d’école un peu particulière : « Nous organisons pour eux une petite exposition sur l’école à l’époque de nos patient·e·s. Avec des objets récupérés dans les brocantes, nous allons recréer l’ambiance d’une classe d’école d’il y une cinquantaine d’années, et les patient·e·s vont raconter des anecdotes sur leur temps passer en classe aux élèves ».

La promesse d’échanges enrichissants sur les différences amenées par les années écoulées, mais aussi une jolie mise en lumière des expériences communes qui ne changent pas au fil des générations.

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