Infirmier·ère·s Praticien·ne·s Spécialisé·e·s (IPS), un rôle innovant et central dans les soins en santé mentale

Pour répondre à l’évolution et aux défis du système de santé, le rôle d’infirmier et d’infirmière se diversifie et se spécialise, à l’image des infirmier·ère·s praticien·ne·s spécialisé·e·s (IPS). En combinant leur savoir en soins infirmiers avec des compétences médicales, les IPS sont destiné·e·s à occuper une place centrale dans les services de soins spécialisés.

Depuis septembre 2003, les semaines sont bien chargées pour Laure Huguenin-Dumittan, infirmière au Centre de psychiatrie communautaire des Montagnes et Michael Sousa, infirmier chef adjoint des unités hospitalières adultes E1 et F1. En parallèle de leur travail au CNP, ils suivent la formation du Master ès Sciences en pratique infirmière spécialisée, à l’Université de Lausanne.

Deux à trois jours par semaine, ils suivent des cours pour devenir, après trois années d’étude à temps partiel, infirmier et infirmière praticien·ne·s spécialisé·e·s (IPS).

Lorsqu’on leur demande ce qui les a motivés à répondre à l’appel du CNP pour entreprendre cette formation, Laure Huguenin-Dumittan et Michael Sousa évoquent tous les deux leur envie de répondre aux défis que connait le système de santé actuel. « Cette formation permet d’acquérir des connaissances médicales qui complètent nos connaissances en soins infirmiers. Cela va nous permettre d’être plus autonomes et finalement, de faciliter l’accès aux soins pour les patient·e·s notamment. C’est en lien direct avec le cœur de notre métier », détaille Michael Sousa.

Un rôle central dans le suivi des patient·e·s et de leur famille

Concrètement, après leur formation, les IPS auront les compétences pour proposer aux patient·e·s des prestations qui étaient alors uniquement dispensées par des médecins, comme des évaluations cliniques, la prescription de tests, de médicaments ou encore la pose d’un diagnostic.

Le Master offre aujourd’hui quatre spécialisations : orientation santé mentale, orientation soins aux adultes, orientation soins pédiatriques et orientation soins primaires. Les IPS peuvent exercer uniquement dans le cadre de leur spécialisation.

Laure Huguenin-Dumittan précise toutefois : « l’objectif n’est pas de faire de nous des mini-médecins. Nous restons avant tout des infirmières et des infirmiers, avec une approche holistique des patient·e·s ».

Le rôle des IPS ne se substitue ainsi à aucun·e professionnel·le de la santé, il a été pensé comme un nouveau rouage dans les services de soins spécialisés. A la croisée du domaine des soins et du domaine médical, l’IPS devient le ou la principal·e répondant·e pour certain·e·s patient·e·s et leurs familles, notamment les patient·e·s atteint·e·s de maladie chronique.

« En tant qu’IPS, nous pourrons suivre sur le long court les patient·e·s, notre rôle nous permettra d’améliorer la continuité des soins », explique Laure Huguenin-Dumittan.

Michael de Sousa ajoute aussi : « Entre les équipes soignantes et médicales, les différents spécialistes et le réseau socio-sanitaire de chaque patient·e, nous aurons aussi un rôle de lien, une place de coordinateur·rice entre les différents acteurs qui interviennent dans le parcours des patient·e·s ».

Des bénéfices qui se concrétisent dans la pratique

A Neuchâtel, le CNP et le Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) travaillent avec les autorités politiques pour intégrer et faire reconnaître les IPS dans le système de soins.

Un domaine dans lequel le canton de Vaud a déjà plusieurs années d’expérience. Les bénéfices annoncés par la formation se concrétisent avec succès sur le terrain: les services spécialisés, qui comptent un·e IPS dans leur équipe, constatent une diminution du taux et du temps d’hospitalisation, une diminution des symptômes des maladies chroniques, une diminution du temps d’attente pour un avis spécialisé, une augmentation de l’adhésion thérapeutique, une augmentation de la satisfaction des patient·e·s, une augmentation du temps disponible pour les médecins pour traiter des maladies complexes, ou encore une satisfaction et une reconnaissance pour les infirmier·ère·s. L’ensemble de ces constats induit également une diminution des coûts de la santé.

Des résultats qui dessinent le chemin du système de soins de demain. Au CNP, la définition et l’intégration concrète des IPS au sein de l’institution sont en train d’être finalisées, afin de pouvoir offrir dans un futur très proche cette nouvelle prestation aux patient·e·s et à leurs proches, une des activités des IPS étant aussi l’éducation thérapeutique.

A qui s’adresse le Master ?

Le Master ès Sciences en pratique infirmière spécialisée peut être suivi à temps complet ou à temps partiel. Pour pouvoir s’y inscrire, il faut être détenteur·rice soit d’un Bachelor of Science HES-SO en Soins infirmiers, soit d’un Diplôme d’infirmier·ière HES d’une haute école suisse, ou encore d’un titre jugé équivalent par le Comité directeur de la Maîtrise.

Les candidat·e·s doivent aussi disposer d’une expérience professionnelle en soins infirmiers d’au moins deux ans à 100%, dont au moins une année reliée à l’orientation visée.

Enfin, les étudiant·e·s doivent être suivi·e·s tout au long de leur formation par un·e médecin référent·e.

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